samedi 12 décembre 2009

COMPLICES Frédéric Mermoud/France

La première réflexion qui s’impose, est que le réalisateur a réellement su associer et mêler
film de genre et film réaliste, de façon très fluide. On pourrait même dire qu’ici, le talent du cinéma français pour le réalisme rejoint le talent du cinéma américain contemporain pour le polar (et l’on pense bien sûr à Clint Eastwood).
Gilbert Melki y est d’ailleurs pour beaucoup : sobre, minimaliste, son jeu très subtilement nuancé rend très émouvant ce personnage de flic désabusé (tous les acteurs sont également excellents : Emmanuelle Devos, Nina Meurisse, Cyril Descours, Joana Preiss, Jérémy Kapone, pour ne citer qu’eux…).
Il forme avec Emmanuelle Devos le duo chargé d’enquêter sur la mort, dans des circonstances très troubles, du jeune Vincent.
On suit ce duo au fil de l’enquête, en parallèle à l’histoire d’amour entre Rebecca et Vincent, que l’on découvre en flashback, de son début à sa tragique fin. Parallèle mené avec art, impeccablement, jusqu’à cette fin où les chemins des protagonistes se rejoignent; atmosphère bleutée, visions nocturnes ou très matinales de Lyon, pour l’enquête policière; ambiance plus diurne et colorée pour les retours sur la vie du couple Rebecca/Vincent.
Les scènes d’amour sont un havre de lumière, de douceur, de spontanéité, de fraicheur, à l’image de ces deux jeunes qui s’aiment…
C’est par amour pour Vincent que Rebecca décide de l’accompagner à ses rendez-vous tarifés, d’y participer, d’ être avec lui, de vivre ce qu’il vit (La tension montante et l’angoisse du rendez-vous à deux qui tourne mal sont très bien rendus, avec justesse et sobriété). Mais amour et prostitution ne font pas bon ménage…
A cet instant, elle est sa complice.
Mais on pourrait dire aussi que les parents se font indirectement complices de ce drame qui se tisse à leur insu, restant hors de la vie de leurs enfants, laissant ainsi au meilleur comme au pire la possibilité d’arriver (la mère de Rebecca —incarnée par Joana Preiss— toujours absente, ne sait jamais où est sa fille…)…

Frédéric Mermoud, présent à la fin de la projection avec les très talentueux Cyril Descours et Jérémy Kapone, explique qu’il souhaitait que chaque personnage assume ce qu’il fait, les actes qu’il pose.
Le réalisateur a remarqué aussi combien le rapport au sexe a changé dans notre société, mais pas le rapport amoureux. C’est ce que nous montre son film : on vend son corps comme une machine, un objet, à tous, sans état d’âme (« Quand je suis avec mes clients, je suis dans un autre registre, c’est mécanique » dit Vincent à Rebecca), mais le réel plaisir n’est présent et le cœur ne bat que pour un seul autre.


Sarah Bouhallit
http://sadjael-bo.blogspot.com/

mercredi 9 décembre 2009

TILYAGI (Hipsters-Les Zazous) Valery Todorovsky/Russie

Les Zazous, ce sont ces jeunes gens au look excentrique et furieusement coloré, qui exprimaient leur différence, leur amour du swing, de l’Amérique (une Amérique Rêvée), dans les Années 50-60, en Union Soviétique, à une époque où l’ordre, le gris, le groupe, l’attachement exclusif à sa patrie et à la figure emblématique de Staline, étaient de rigueur…
Une Russie où « le Délit d’Attirance pour l’Ouest est puni de 10 ans de prison », où «le Jazz est un ennemi », où « le saxophone s’apparente à une arme blanche ».
Ce qui n’empêche pas le jeune Mels de quitter le chemin tout tracé et vertueux de droit camarade de la patrie, par amour pour l’originale et belle Polly. Il endosse ce look bigarré et chamarré qui lui permettra, non seulement de devenir un homme, mais aussi et avant tout musicien de jazz écumant les soirées illicites dans le « Broadway » de Moscou, poussé la fougue de sa jeunesse.
Cette fougue inaltérable de la jeunesse qui résiste, c’est aussi la fougue de la caméra de Valery Todorovsky, qui n’a rien à envier aux plus célèbres comédies musicales du « vrai » Broadway : tourbillonnements de couleurs, foisonnement d’effets malicieux de travellings et autres arrêts brefs sur image rythmant le mouvement endiablé… et une incroyable bande originale enlevée — chantée, pour moitié, par les acteurs (On pense à Pink Floyd-The Wall durant la scène de l’Université réalisée — comme la majorité des scènes — avec maestria).
Ce réalisateur possède une puissance cinématographique indéniable.

Il a fallu 2 ans pour trouver la musique du film, et 6 mois de tournage.
Le producteur Russe présent à la soirée nous explique que la musique fut composée dans les années 80, et remise au goût du jour pour cette première véritable comédie musicale Russe, qui eut un grand succès dans son pays (sauf auprès des communistes, qui nièrent l’existence des Zazous, et assurèrent que ce mouvement n’avait jamais existé). Ils ont bel et bien existé, ces Zazous, dans l’Union Soviétique des 50-60’s, donc (principalement parmi la jeunesse dorée moscovite), mais aussi dans la France des années 40 (Charles Trenet en est une figure emblématique).
Et, tels les Punks en leur temps — ainsi que tous ces groupes aux codes vestimentaires et musicaux forts et hauts en couleurs — leur envie, rage de vivre leur vie et leur différence, coûte que coûte, au défi des interdits, fait d’eux des figures contestataires et des preuves vivantes que la musique, la jeunesse, l’allure, peuvent être de grandes armes idéologiques et politiques, contribuant à la libération sous-jacente, au changement en profondeur, des esprits.
Le film se termine sur cela, en apothéose : c’est toutes les jeunesses « rebelles » de toutes les époques qui se rejoignent pour ne former plus qu’un flot de renouveau, portées par leur rêve commun.

Sarah Bouhallit
http://sadjael-bo.blogspot.com/

IO SONO L’AMORE, Luca Guadagnino/Italie

Milan sous la neige, tons de blancs, gris, couleurs neutres elles-mêmes un peu passées… une atmosphère « années 60 », la typographie « Art Déco » du générique, la musique de John Adams, qui n’est pas sans évoquer, à cet instant, celle de Nino Rota…
C’est ainsi que débute le magnifique film de Luca Guadagnino...
Ce n’est que plus tard que l’on se rendra compte qu’il se déroule à présent, au 21ème siècle.
Tout est d’une autre époque, dans cette maison (aux tons gris, beiges, toujours), emplie de traditions, de bienséance, de l’ennui d’une vie trop prévisible… Le grand-père trône à sa place de patriarche, durant les repas de famille : « Je n’aime pas le changement », dit-il.

Le changement, ce sont les deux femmes, mère et fille, qui l’apporteront ; l’une et l’autre, parallèlement, transformée et modelée de l’intérieur par l’amour qui les polira, comme un cours d’eau souterrain polit la roche, dans une douce et infinie puissance, inexorable.
Chacune, de son côté, s’ouvre à la vie, à l’amour (d’une façon peu « conventionnelle » pour ce monde bourgeois qui est le leur…). C’est d’abord la mère qui ressentira la joie de voir sa fille heureuse et amoureuse (d’une autre femme) ; puis la fille qui permettra à sa mère, à la fin, de s’échapper, s’envoler, disparaître, pour aimer et vivre, se retrouver au centre d’elle-même et de son amour, comme dans cette grotte effleurée par l’or d’une lumière vacillante et éternelle.

« Io sono l’Amore »… L’on pourrait presque dire que ces mots, c’est la caméra qui les prononce, tant elle est l’ écho des émotions, des soubresauts, des étonnements, des émerveillements de l’amour ; elle se fait sensuelle, caressante, frôlant les peaux, les serrant de près, troublée parfois, tremblée quand le cœur d’Emma tressaute et s’emballe à la vue d’Antonio que la coïncidence place sur son chemin, à Nice… Dans l’amour, l’image vibre et sourd d’ondes telluriques, sous la puissance du plaisir et du soleil. L’amour, ici, est aussi simple et évident que l’été, que la profusion de fleurs, d’herbes, de senteurs, que l’air et la nature saturés de vie. L’amour, c’est les peaux qui redeviennent terre meuble, quand ce n’est plus seulement le soleil qui les colore, quand une main sur un sein redevient insecte sur une fleur.
(La musique tient une grande place également dans ce film, et accompagne le personnage principal, Emma, se faisant résonnance des typhons et mouvements intérieurs).

L’amour, c’est aussi, et bien sûr, la cuisine… Cuisine toute de délicatesse et de sensualité, de couleurs (Rouge des gambas accordés au rouge de la robe, le rouge de l’amour éclatant dans le cœur et les papilles d’Emma, lorsqu’elle se perd, au restaurant, dans la dégustation des délicieux mets préparés à son attention par Antonio…) ; le goût réveillé fait fleurir tous les autres sens… La joie dans la finesse et l’éclat de la succulente chère est la clé…

L’actrice Tilda Swinton (Emma) est incroyable. Apprêtée, stylée, impeccable et lisse au début du film, peu à peu son visage s’éclaire, mû par une joie trop longtemps oubliée, puis cerné par la passion et la violence des sentiments, il se défait de tout apprêt pour revenir à l’essentiel.
Image frappante et saisissante quand, épurée à l’extrême, le cheveu mouillé, taillée à la serpe par la douleur, statue anguleuse drapée de noire, elle devient l’archétype de la Tragédie.
C’est le moment où, une veste d’homme sur ses épaules, Emma dit sa vérité, son amour pour le jeune cuisinier. « Tu n’es rien!», rétorque son mari (« Tu n’existes plus pour moi ! », lui avait dit son fils avant la chute fatale). C’est au contraire à cet instant qu’elle Est le plus, à l’essence d’Elle-même.

Chaque plan de ce film est empreint d’une grande et délicate poésie, chaque cadrage est une œuvre d’art… Les jeux de lumières, d’ombres, de flous, de couleurs, sont une merveille (Très esthétiques images légèrement stylées « chromo 60’s» au début…)
Une formidable intelligence, sensibilité, transparaissent dans cette œuvre cinématographique d’une grande beauté.

Luca Guadagnino nous parle de son film avec humour, dans un anglais et français mâtinés d’un fort charmant accent palermois ; nous dit combien il souhaitait que la musique joue un rôle important, au même titre qu’un personnage principal du film (C’est cette musique de J. Adams qui inspira Tilda Swinton pour son rôle d’une grande intensité) ; sa grande admiration pour Paul Baucuse, qui lui dit un jour : « Si tu ne cuisines pas avec amour, pour ceux que tu aimes, tu ne feras pas quelque chose de bon. ».
Luca Guadagnino sait l’importance de l’art culinaire « qui est un art mineur, mais un grand art ! ». (Son film est lui-même tel un plat glacé, qui révèle un cœur fondant et chaud au fil de la dégustation…).
L’art de la cuisine dans son film, nous explique-t-il, est l’opposé du capitalisme (que souhaitent perpétuer les hommes de la famille). Emma, en développant à l’exquis ce goût de la cuisine, va vers quelque chose de plus humain.
Il nous conte ses débuts dans le cinéma ; quelqu’un lui avait dit : « Montre ton travail aux cinéastes qui t’ont précédé ; seuls les grands savent écouter, les petits n’écoutent pas ». Si l’on devait ne retenir qu’une phrase, ce serait celle là… Et il ne fait aucun doute que Luca Guadagnino est un grand.


Sarah Bouhallit
http://sadjael-bo.blogspot.com/

lundi 30 novembre 2009

2eme jour


Pas facile facile de faire partie de l'équipe d'un festival...

L'équipe débarque


Nous voilà arrivés aux Arcs, sous la neige...

mercredi 25 novembre 2009

Le programme complet du festival

Vous pouvez dès aujourd'hui télécharger le programme complet du festival.
Vous y trouverez une présentation du jury, des détails sur tous les films du festival ( Avant-première, Compétition, Panorama, Focus...) mais aussi des informations sur les évènements professionnels et des détails pratiques.
Télécharger le programme complet

vendredi 20 novembre 2009

La grille de programmation est parue

Les films en compétition, les séances avec les équipes des films, les avant-premières....
Vous pouvez retrouver sur la grille de programmation toutes les informations pour préparer votre festival!
Les films sont projetés dans 6 salles :
Le Savoy à Bourg Saint Maurice,
CinéArc 1 et 2 à Arc 1600,
CinéArc 3 et 4 ainsi que la salle de projection officielle Taillefer à Arc 1800

lundi 16 novembre 2009

Jocelyn Quivrin

Lors de la mise en place d’un festival la constitution d’un jury est un passage obligé mais au combien délicat !
Après plusieurs longues semaines de rendez-vous et de discussions nous pensions avoir réussi une alliance de talents et de personnalités des plus séduisantes. La présence du jeune et talentueux comédien Jocelyn Quivrin au sein de ce jury ne faisait que confirmer cette satisfaction.

Hélas le destin implacable fait que c’est sans lui que s’ouvrira ce festival du cinéma Européen.

Aussi c’est avec beaucoup d’émotion que nous lui dédions cette première édition à laquelle nous allons insuffler une énergie et un dynamisme qui ne pourra que lui rendre un vibrant hommage.

jeudi 12 novembre 2009

L'équipe du festival s'aggrandit

J - 23!
A quelques jours du début du festival, l'équipe se renforce.
Aux Arcs, David s'occupe de la logistique et est notamment responsable du site d'Arc 1950.
Joséphine rejoint l'équipe de coordination générale à Paris.
Bienvenue à eux!
L'équipe de Paris s'installera aux Arcs fin novembre pour les derniers préparatifs.

mardi 10 novembre 2009

Le festival dans la presse


Cet article est paru dans l'hebdomadaire La Savoie du 6 novembre

lundi 9 novembre 2009

Le jury dévoilé

La présidence du jury est confiée au réalisateur hongrois Istvan Szabo. Considéré comme le meilleur réalisateur hongrois, il a notamment reçu un Oscar pour "Mephisto" en 1981, un Prix du Jury à Cannes pour "Colonel Redl" en 1985, ainsi qu'un "European Film Award" pour Sunshine en 2000.
A ses côtés, le jury de la première édition du Festival comprendra:
- Marianne Denicourt (au théatre dans "Platonov", Skylight", "La Ville", au cinéma dans "La Saint-Victoire", "Une pour toutes", "Le Domaine perdu"...)
- Jocelyn Quivrin ("Incognito","LOL", "Cash", "99francs"...)
- Aurélien Recoing ("L'Emploi du temps", "Tais-toi", "Les Baisers de secours","La vie moderne"...)
- Malik Zidi ("Un chat, un chat", "Les Amitiés maléfiques", "Les temps qui changent", "Gouttes d'eau sur pierres brûlantes"...)
- Cristina Piccino ( journaliste italienne de Il Manifeto, auteur de livres dédiés au cinéma )


photos : tous droits réservés

jeudi 5 novembre 2009

La neige est là!


La neige sera bien au rendez-vous pendant le festival !
Cette photo a été prise depuis les bureaux du festival à Arc 1800, le 5 novembre. Et la neige devrait continuer à tomber, quelques averses de neige sont prévues pour aujourd'hui avec une limite Pluie/Neige à 1200m.
Les prévisions météo sur le site des Arcs

Nouvelle vidéo postée sur Daily motion

Une nouvelle bande-annonce du festival est postée sur le site de Daily motion
On y retrouve encore quelques images des Bronzés, quel succès ce Jean-Claude Dusse !
http://www.dailymotion.com/group/festivaldesarcs

mardi 3 novembre 2009

César Carasco crée la Flèche de Cristal



César Carasco donne tout son talent à son pays. Il crée, restaure, réplique des œuvres d'art baroque, des meubles savoyards et toutes autres pièces d'ébenisterie. Pour le Festival, il crée le trophée de la Flèche de Cristal qui met en valeur un cristal de roche de Savoie dans une sculpture de bois. Le prix remis au meilleur film du festival sera donc une pièce de création unique et 100% savoyarde !

lundi 2 novembre 2009

Prolongation du concours "Annoncez le festival en vidéo"

Le concours "Annoncez le Festival de Cinéma Européen des Arcs en vidéo" est prolongé. Jusqu'au 20 novembre, vous pouvez envoyer votre bande-annonce du festival et tenter de gagner un séjour complet aux Arcs pour 2 personnes et de nombreux autres cadeaux.
Deux nouvelles vidéos ont été postées ce week-end. Retrouvez Laurel et Hardy qui annoncent le festival sur les site de Daily Motion:
http://www.dailymotion.com/group/festivaldesarcs


mercredi 28 octobre 2009

Les coulisses de la bande-annonce du festival

La maquette qui a permis de réaliser la bande-annonce du festival

La presse parle du festival des Arcs

Retrouvez ici les articles de presse qui parlent du festival

Article du Dauphiné

La salle Taillefer se prépare





La grande salle de Congrès d'Arc 1800, d'une superficie de 695m carré, se transforme en salle de projection officielle pendant la durée du festival.
Cela ne ressemble pas encore vraiment au Grand Théatre du Festival de Cannes, mais des beaux fauteuils très confortables seront installés d'ici le 5 décembre!

Les premières neiges

Il commence à neiger aux Arcs !
A 38 jours de l'ouverture de la station et du début du festival, c'est bon signe pour nous permettre de profiter complètement du domaine skiable!
Ci-dessous une photo d'Arc 1950, qui sera le coeur du festival, sous les premières neiges mardi 20 octobre.

source: http://www.arc1950.com

L'équipe du festival


Création du blog du Festival de Cinéma Européen des Arcs

Retrouvez toutes les informations sur le festival, des photos, des vidéos sur le nouveau blog du festival